Une nouvelle analyse montre l'ampleur de la menace que représente le nouveau cycle d'octroi de licences pétrolières en RDC
29 juillet 2025
Kinshasa, RDC / Londres
Un nouveau rapport, publié aujourd'hui par Earth Insight en collaboration avec Rainforest Foundation UK (RFUK) et ses partenaires congolais Notre Terre Sans Pétrole et CORAP, révèle les les impacts sociaux et environnementaux potentiels du projet d'exploitation pétrolière en République démocratique du Congo (RDC).
Le gouvernement a annulé une vente aux enchères controversée de 27 blocs pétroliers à la fin de l'année 2024, face à une opposition farouche de la société civile et des communautés locales, avant de lancer un nouveau cycle d'octroi de licences en mai, approuvant des offres pour 55 blocs pétroliers, dont 52 annoncés pour la première fois. Ces concessions couvrent désormais plus de la moitié du pays, y compris de vastes étendues de forêts intactes, des zones protégées et des terres communautaires essentielles.
Une cartographie et une analyse spatiales révèlent désormais l'ampleur de la menace que représente cette expansion sans précédent des activités extractives. Parmi les conclusions les plus préoccupantes :
- 8,3 millions d'hectares (23 %) de zones protégées, 8,6 millions d'hectares de zones clés pour la biodiversité et 66,8 millions d'hectares (64 %) de forêts tropicales intactes se trouvent dans les blocs pétroliers proposés.
- 72 % du corridor vert Kivu-Kinshasa, une initiative phare en matière de conservation présentée par le gouvernement de la RDC au début de l'année, est désormais recouvert par des blocs pétroliers, ce qui compromet gravement sa valeur écologique et climatique.
- Le Cuvette Centrale, le plus grand complexe de tourbières tropicales au monde et un puits de carbone essentiel qui stocke environ 30 gigatonnes de carbone, est gravement menacée de dégradation. La majeure partie de cet écosystème vital se trouve désormais dans des zones pétrolières nouvellement désignées.
- Environ 39 millions de personnes, dont de nombreux peuples autochtones et communautés forestières, vivent dans ou à proximité de ces nouveaux blocs pétroliers, ce qui menace leurs moyens de subsistance, leurs cultures et leur survie même. Cela concerne également 63 % de toutes les forêts communautaires du pays.
Malgré l'ampleur de ces menaces, la résistance s'organise. En juin, des groupes de la société civile de toute la RDC et du monde entier, dont beaucoup avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration, se sont mobilisés lors d'une semaine d'action pour dénoncer les institutions gouvernementales et les multinationales impliquées dans les accords pétroliers. La Notre terre sans pétrole, lancée par une coalition d'organisations congolaises, continue de prendre de l'ampleur et exige l'annulation de ces concessions pétrolières.
“Imaginez : 39 millions de Congolais — soit près de la moitié de la population — et 64 % de nos forêts pourraient être directement affectés par l’attribution de ces blocs pétroliers», a déclaré Pascal Mirindi, coordinateur de campagne, Notre Terre Sans Pétrole. « Et cela pendant que le gouvernement fait la promotion « corridor écologique Kivu-Kinshasa ». Où est la logique ? Où est la cohérence ? Nous rappelons à nos dirigeants que le peuple congolais est le souverain primaire. Nous ne resterons pas silencieux pendant que certains s’organisent pour brader notre avenir » .
RFUK se joint à ses partenaires pour exhorter le gouvernement de la RDC et ses partenaires internationaux à abandonner le développement basé sur les énergies fossiles et à s'orienter vers un avenir à faible émission de carbone, fondé sur son vaste potentiel en énergies renouvelables et les droits des communautés forestières.

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