Une nouvelle étude révèle que la plupart des activités d'exploitation forestière industrielle en RDC sont illégales
15 juillet 2025
Une nouvelle analyse révèle que la plupart des concessions forestières en République démocratique du Congo (RDC) sont exploitées dans le respect de la loi, ce qui renforce les appels en faveur d'une réduction significative de l'exploitation forestière industrielle dans la deuxième plus grande forêt tropicale humide du monde.
Le Portail de conformité des concessions forestières, développé par des chercheurs de l'APEM et de RFUK en collaboration avec le Réseau EDH et le ministère de l'Environnement et du Développement durable (MEDD), évalue la légalité de toutes les concessions d'exploitation forestière et de conservation couvrant plus de 14 millions d'hectares , soit une superficie plus grande que l'Angleterre.
L'examen juridique, désormais disponible sur le nouveau portail, a porté sur 82 concessions gérées par 29 entreprises et a révélé de nombreuses violations du Code forestier de la RDC et d'autres exigences légales. Il s'agit notamment du non-respect d'obligations fiscales, juridiques et sociales fondamentales, telles que le paiement des taxes et l'octroi d'avantages aux communautés locales.
Le portail a été lancé à Kinshasa le jeudi 10 juillet par le réseau de la société civile Reseau EDH et a réuni des représentants du gouvernement, d'autres organisations de la société civile et des partenaires internationaux.
Voici les principales conclusions :
- Aussi peu que 5 % des concessions respectent pleinement les exigences légales du Code forestier de la RDC et des autres législations congolaises pertinentes ;
- Aussi peu que 14% des entreprises respectent leurs obligations socio-économiques envers les communautés locales ;
- Jusqu'à 42% des entreprises ne sont pas en règle avec le paiement de leurs taxes foncières.
Ces conclusions interviennent dans un contexte d'accélération de la déforestation en RDC, qui abrite 60 % du bassin du Congo, peut-être la dernière grande forêt tropicale humide au monde qui joue encore un rôle de puits de carbone net. Si l'agriculture et le bois de chauffage sont souvent mis en cause, l'exploitation forestière industrielle, qui entraîne la construction de routes et la dégradation des forêts, joue un rôle majeur. La tendance croissante à convertir les titres d'exploitation forestière en concessions de conservation afin de générer des crédits carbone a également suscité la controverse. Bien que le gouvernement ait pris certaines mesures pour annuler certaines concessions illégales, les recherches montrent que l'industrie reste enlisée dans de mauvaises pratiques environnementales, des violations des droits humains, la corruption et l'impunité.
Dénoncer les crimes forestiers et le blanchiment de bois
L'analyse juridique menée par l'APEM et RFUK fait écho aux conclusions d'un récent EIA rapport de l'EIA, qui détaillait les activités criminelles de deux des plus grandes entreprises d'exploitation forestière industrielle du pays : Wan Peng et Booming Green. Ces entreprises sont soupçonnées d'être impliquées dans des affaires de corruption et de crimes forestiers, car elles sont en mesure d'exporter du bois sous forme de grumes non transformées, contrairement aux pays voisins du bassin du Congo.
Une autre affaire très médiatisée concerne COKIBAFODE, une entreprise forestière qui opérerait sans permis valide dans le territoire de Bolomba, dans la province de l'Équateur. Selon des représentants de la communauté et des observateurs sur le terrain, 3 000 mètres cubes de grumes seraient arrivés au port de Maluku, près de Kinshasa, alors que le permis de l'entreprise avait expiré.
Une action urgente s'impose
Cette étude met en évidence le contraste saisissant entre les ambitions de la RDC, qui souhaite devenir un « pays solution » dans la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité, et la réalité sur le terrain dans ses forêts.
«Cette analyse met à nu l'ampleur de l'anarchie qui règne dans les forêts de la RDC», a déclaré Joe Eisen, directeur exécutif de RFUK. «À l'approche de la COP30 sur les forêts tropicales, qui se tiendra au Brésil, le gouvernement et ses partenaires internationaux doivent saisir cette occasion pour tracer une voie différente en contrôlant l'industrie forestière et en investissant dans la foresterie communautaire".
Principales recommandations
- Appliquer l'interdiction nationale d'exporter du bois brut.
- Maintenir le moratoire national sur les nouvelles concessions forestières jusqu'à ce que l'industrie soit manifestement maîtrisée et que les autres conditions légales soient remplies.
- Enquêter sur les opérateurs illégaux et annuler les permis non conformes.
- Faire avancer les réformes clés telles que la politique forestière nationale et la stratégie forestière communautaire, ainsi que les lois sur les peuples autochtones et l'aménagement du territoire récemment adoptées, afin de créer une nouvelle économie forestière fondée sur les droits.
La première version du Portail de conformité des concessions forestières est désormais disponible en ligne. Elle offre un outil interactif permettant aux gouvernements, à la société civile, aux bailleurs de fonds et aux organismes de surveillance de suivre en temps réel les activités forestières industrielles et de demander des comptes aux acteurs concernés. En rendant publiques les données juridiques relatives à chaque concession, la plateforme vise à renforcer la transparence et à encourager les réformes urgentes dans ce secteur. Le portail sera mis à jour dès que de nouvelles informations vérifiables seront disponibles et il est prévu d'y intégrer les données générées par des initiatives de surveillance indépendantes et communautaires.
Pour plus d'informations, veuillez contacter : a déclaré Vittoria Moretti.
Partagez ceci :