Un enquête montre que du bois illégal en provenance de la RDC pourrait se trouver sur le marché européen
4 février 2020
Un rapport d’une agence de presse française [1] a révélé une opération d’exploitation illégale du bois à échelle industrielle, liée à une corruption à haut-niveau en République Démocratique du Congo (RDC), suite aux investigations conduites par des partenaires de la Rainforest Foundation UK (RFUK) et d’autres ONG.
Les journalistes de TF1, menés par Jérôme Garro, ont constaté que l’entreprise « Long Xin » (auparavant appelée « Maniema Union 2 ») a été exonérée en mai 2019, malgré son inculpation pour exploitation illégale de bois dans la province de l’Equateur. L’entreprise à capitaux chinois, qui avait obtenu un titre d’exploitation illégal en infraction du moratoire national sur les nouvelles concessions d’exploitation, avait été inculpée en mars 2019 pour « conspiration criminelle », « destruction malveillante » et « exploitation illégale du bois ».
Le rapport, basé sur des informations collectées par des observateurs des communautés locales et de la société civile soutenus par RFUK, signale également que du bois illégal de RDC risque de se retrouver sur les marchés européens, en dépit d’initiatives spécifiquement conçues pour empêcher cela, comme le Programme pour l'application des règlementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux (FLEGT) et le Règlement sur le Bois de l’Union Européenne (RBUE).
RFUK et son partenaire en Equateur, GASHE [2], ont appelé le gouvernement et les bailleurs de fonds internationaux à lutter contre le délitement de la gouvernance forestière dans le pays, alors que les preuves claires d’exploitation illégale n’aboutissent que rarement à des actions répressives.
Joseph Bolongo, Coordinateur du proje Forest Link – Suivi communautaire en temps réel pour GASHE, a déclaré : « La commercialisation des bois issus de l’exploitation illégale dans l’Union Européenne sapera tous les efforts des acteurs locaux, notamment les communautés locales, qui ne cessent de dénoncer le pillage de leurs ressources avec la complicité des autorités locales. »
Joe Eisen, Directeur Exécutif de RFUK, a ajouté :
« Ce rapport met en lumière le problème plus large du patronage politique, de la corruption et de l’impunité dans l’industrie du bois en RDC. Les efforts mis en œuvre pour améliorer la gouvernance forestière ne pourront pas aboutir tant que l’on ne pourra pas déterminer qui possède et bénéficie vraiment des concessions forestières du pays. Les renseignements fournis par les communautés locales sur l’exploitation illégale n’ont jamais été aussi exacts, et il est temps pour les autorités responsables du maintien de l’ordre et des réformes de la gouvernance forestière de redoubler d’efforts. »
[1] Rapport TF1
[2] GASHE (Groupe d’Action pour Sauver l’Homme et son Environnement), partenaire de RFUK en RDC, est une ONG basée à Mbandaka, dans la Province de l’Equateur. GASHE vise à protéger l’environnement et les ressources naturelles tout en encourageant le développement des communautés forestières et les peuples autochtones. Nous travaillons avec GASHE depuis 2012 sur plusieurs projets portant sur les forêts communautaires, le suivi communautaire en temps réel et la conservation durable.
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