Au Cameroun, la forêt d'Ebo, d'une importance capitale, est menacée par un projet de construction de route.

4 août 2022

Au Cameroun, une forêt intacte de 200 000 hectares est menacée par un projet de construction de route, qui pourrait avoir des effets dévastateurs sur la faune et la flore menacées d'extinction et sur plus de 40 communautés qui vivent dans la région d'Ebo.

Alors que le projet de construction de routes est censé apporter des opportunités de développement aux villages concernés, un examen plus approfondi du plan montre que cette considération ne fait pas partie de sa conception.

Sur une lettre urgente adressée aux représentants de l'Union européenne au Cameroun, les ONG expliquent : "La trajectoire actuelle de la route est mal planifiée et n'apportera rien aux communautés. Elle traverse la forêt d'Ebo, n'est reliée à aucun village existant et n'a donc aucun impact sur le développement économique local. Les preuves scientifiques abondent quant à l'impact sur la déforestation de routes mal planifiées. Les communautés risquent de perdre une ressource naturelle précieuse qui leur permet de gagner leur vie".

Les recherches menées par le RFUK dans le cadre d'un rapport de 2021 (fr/fr) montre qu'il s'agit là d'un modèle dans la région, de projets d'infrastructure à grande échelle mal planifiés qui manquent souvent de développement participatif, d'évaluations solides des risques sociaux et environnementaux, et de mesures pratiques de surveillance et d'atténuation. Les études de cas présentées dans le rapport montrent que ces projets entraînent généralement la déforestation et la destruction des moyens de subsistance des communautés forestières, et le projet Ebo ne fera pas exception à la règle.

La forêt est déjà soumise à la pression de l'exploitation forestière et du développement de l'huile de palme. Il y a seulement deux ans, un projet de concession forestière de 68 000 hectares a été annulé à la suite des protestations d'ONG locales et internationales. En une étude 2019Le RFUK a tiré la sonnette d'alarme au sujet d'une plantation d'huile de palme qui, à l'époque, était le principal facteur de déforestation dans la région et qui a été autorisée sans étude d'impact sur l'environnement ni consultation adéquate des communautés locales. Pendant ce temps, le gouvernement refuse depuis des années de classer la zone centrale de la forêt en tant que zone protégée, malgré le soutien local en faveur de cette mesure.

Des ONG nationales et internationales ont envoyé une lettre à la délégation de l'UE au Cameroun, lui demandant de soutenir une enquête sur la légalité du projet et de financer des initiatives de développement alternatives, inclusives et durables.

"La lettre que nous avons envoyée est adressée aux principaux bailleurs de fonds du Cameroun..... L'objectif de cette lettre est de leur rappeler leurs engagements à soutenir le Cameroun dans le respect de ses engagements en matière de changement climatique. Et nous savons que pour respecter les engagements en matière de changement climatique, il faut mieux protéger la forêt".

- Samuel Nguiffo, secrétaire général du Centre pour l'environnement et le développement

Nous sommes aux côtés des communautés qui résistent à ce projet et appelons le gouvernement camerounais et ses bailleurs de fonds à respecter les engagements pris dans le cadre de l'accord de Paris pour réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, promouvoir une gouvernance forestière inclusive et protéger la biodiversité.

Partagez ceci :