Deux forêts communautaires emblématiques attribuées dans la zone tampon du parc national de la Lomami en RDC

19 octobre 2022

Deux communautés forestières de la province du Maniema, en République démocratique du Congo, ont finalement obtenu le droit légal de gérer leurs terres ancestrales en les transformant en "forêts communautaires". Ces titres juridiques importants confèrent aux communautés une reconnaissance officielle et des droits collectifs sur les forêts qu'elles habitent et protègent traditionnellement depuis des générations. Ils marquent également une victoire politique importante dans la mesure où ils ont été attribués en bordure du parc national de la Lomami, ouvrant la voie à d'autres communautés pour établir des forêts communautaires autour des zones protégées du pays.

L'attribution d'un titre de forêt communautaire est le résultat final d'un processus long et complexe. Afin de soumettre une demande officielle, les communautés doivent d'abord cartographier leurs terres traditionnelles et établir des organes de gouvernance inclusifs pour les gérer. Pour que ce processus soit couronné de succès, il est essentiel que les perspectives de l'ensemble de la communauté soient prises en compte - en particulier les membres des différents clans et les groupes marginalisés tels que les populations autochtones et les femmes.

rencontre de femmes
kakungu p2
carte de kakungu

En collaboration avec les communautés du Maniema de Kakungu et Mbuli, RFUK et notre partenaire congolais Geofirst, les ont soutenus dans la réalisation d'une cartographie participative de la zone en 2018 et 2019. Cela a permis une compréhension détaillée de la manière dont les clans locaux gèrent ces terresLes autorités locales et provinciales ont ensuite examiné chaque demande en s'assurant que la zone n'était pas en conflit avec d'autres utilisateurs de la forêt. Les autorités locales et provinciales ont ensuite examiné chaque demande, s'assurant que la zone n'était pas en conflit avec d'autres utilisateurs de la forêt avant d'accorder la reconnaissance légale finale des droits de la communauté à perpétuité. Grâce à ce travail, les deux demandes ont été facilement approuvées, et une cérémonie officielle de remise des droits aura lieu dans les semaines à venir.

Notre expérience en matière de promotion de la foresterie communautaire en RDC montre que ce niveau de préparation - qui exige du dévouement, une connaissance du contexte et des compétences en matière de facilitation - est une condition préalable essentielle pour éviter les conflits et assurer la durabilité. Pourtant, même s'il s'agit d'une réalisation importante pour garantir les droits de ces communautés, d'une autre manière, ce n'est que le début. Maintenant que Kakungu et Mbuli ont une reconnaissance officielle de leurs forêts, la prochaine étape consiste à élaborer un "plan de gestion simple". Celui-ci définira les utilisations auxquelles la nouvelle forêt communautaire sera consacrée, ainsi que la manière dont elle sera gérée de façon durable et équitable - par exemple pour l'agriculture, les activités génératrices de revenus, la conservation et les objectifs culturels.

La foresterie communautaire favorise l'autonomisation des communautés pour la gestion de leurs espaces de vie traditionnels et l'utilisation durable des ressources naturelles. Cette approche collective renforce la cohésion sociale en réduisant les conflits et en favorisant un dialogue inclusif dans le but de lutter contre la pauvreté et de préserver les écosystèmes. - Alphonse Wala, Directeur exécutif de GeoFirst Development

En RDC, il existe aujourd'hui plus de 150 forêts communautaires, couvrant près de 3 millions d'hectares. Mais les forêts communautaires de Kakungu et Mbuli sont particulièrement spéciales car elles se trouvent dans la zone tampon du parc national de la Lomami. C'est la première fois que des titres de forêt communautaire sont officiellement reconnus dans une telle zone, et ils créent un précédent important pour garantir les droits communautaires dans des endroits qui, selon de nombreux acteurs, devraient rester sous le contrôle de l'État et sous des règles strictes de conservation.

Depuis sa création en 2016, le parc national de la Lomami a connu une histoire controversée avec les communautés qui ont perdu une partie de leurs territoires traditionnels pour sa création, et ont été exclues des processus décisionnels qui affectent leur vie. Aux côtés de nos partenaires GeoFirst et APEM, la RFUK s'efforce de résoudre ces problèmes entre les autorités du parc et les communautés locales, en veillant à ce qu'elles puissent continuer à accéder et à utiliser les ressources de leurs terres traditionnelles qui se trouvent dans la zone tampon. Les titres de forêt communautaire récemment attribués à Kakungu et Mbuli sont donc une étape clé pour y parvenir, et prouvent que les communautés peuvent vivre de manière prospère tout en contribuant à des objectifs de conservation partagés qui préservent la richesse de la faune et de la flore du parc.

 

 

L'activité "Forêts d'Avenir" est rendue possible grâce au généreux soutien du Peuple Américain à travers l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID), ainsi que de l'Agence norvégienne pour la coopération au développement (NORAD). Elle est mise en œuvre par RFUK et ses partenaires, à savoir CAGDFT, APEM, GASHE, GeoFirst Development, PREPPYG et RCREF. Le contenu de cet article relève de la responsabilité du RFUK et ne reflète pas nécessairement les perspectives de l’USAID ou du gouvernement des Etats-Unis. 

Partagez ceci :