La foresterie communautaire change des vies : comment une communauté de RDC a sécurisé sa terre
20 décembre 2019



Sur la base des résultats de l’étude socio-économique (détaillant les usages actuels et les différents besoins de la communauté), des inventaires (soulignant le potentiel de chaque ressource), et d’une analyse détaillée des types de sols et de leur adéquation pour une variété d’usages, la communauté a développé un plan d’utilisation des terres. Ce plan divise leur concession en trois types de zones : une zone de développement rural (25 pourcent de la concession), une zone de production (30 pourcent) et une zone de protection (45 pourcent).

Le plan d’utilisation des terres traduit le caractère intrinsèquement multi-usages de la concession, mais les restrictions traditionnelles sur la chasse, la pêche et l’agriculture ont été renforcées pour préserver la biodiversité et respecter le cycle de renouvellement de la forêt. L’attribution d’une large partie de la CFCL à la protection démontre également l’intention de la communauté de préserver les ressources pour les générations futures.

Enfin, la communauté a dressé et chiffré une liste de développement infrastructurels prioritaires, en haut de laquelle figurent l’aménagement de la route et l’amélioration des moyens de transport. Le PSG souligne que ces infrastructures pourraient être financées par les revenus communautaires générés par l’exploitation collective de cultures de rente, à l’instar du cacao.
Bien qu’un soutien technique et financier soit nécessaire pour faire de ce plan ambitieux une réalité, les progrès sur le terrain ne se sont pas fait attendre. Lors d’une mission récente, les animateurs de GASHE ont constaté que les habitants d’Ilinga génèrent déjà des revenus communautaires grâce à un champ collectif de manioc et à la production durable de braises. Ces revenus sont utilisés pour construire un bâtiment qui abritera le comité local de gestion. L’exemple d’Ilinga montre que les Plans Simples de Gestion peuvent aider les communautés locales à mieux analyser les ressources dont elles disposent et l’adéquation de celles-ci avec leurs besoins futurs, et les encourager à travailler ensemble vers des objectifs de développement communs et durables.
Cependant, certains obstacles demeurent :
- Les capacités de l’administration locale pour approuver ces plans simples de gestion doivent être renforcées. Outre un certain nombre d’autres exigences légales, les PSG doivent être multi-usages, inclusifs et durables, et l’administration doit bénéficier de formations ciblées et d’outils pour analyser les PSG sur la base de ces critères.
- Le processus de préparation des PSG doit être simplifié. En l’état actuel des choses, certains prérequis (les inventaires systématiques par exemple) nécessitent des ressources financières, du temps et des capacités techniques dont les communautés locales ne disposent pas forcément sans aide extérieure.
Malgré ces obstacles, pour les habitants d’Ilinga, le PSG a déjà ouvert la voie à un avenir commun prometteur : « Ce que nous connaissons de notre forêt est traduit dans ce document […] en vue de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble de notre communauté locale », a déclaré Gustave Embele Botumba Nkoy, Président du Comité Locale de Gestion.
[1] Groupe d’Action pour Sauver l’Homme et son Environnement
Le Projet « Forets Communautaires en RDC » (2016-2019), mis en œuvre par Rainforest Foundation UK et financé par le Département pour le Développent International du Royaume Uni (DfID) a visé à développer un modèle réussi de gestion forestière communautaire, qui se concentre sur les droits, les besoins et les priorités des communautés locales, y compris ceux des groupes marginalisés. A travers des partenaires de la société civile congolaise (APEM, CAGDFT, GASHE, Réseau CREF et PREPPYG), le projet a notamment soutenu plusieurs sites pilotes dans les provinces de l’Equateur et du Nord-Kivu.
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