L'accord de Paris sur le climat : que signifie-t-il pour les forêts tropicales ?

12 mars 2016

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L'accord mondial signé à Paris en décembre a été salué comme un moment historique dans la lutte contre le changement climatique. La destruction et l'incendie des forêts tropicales contribuent à hauteur de 10% à l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine dans l'atmosphère. On a beaucoup parlé de la manière de mettre un terme à cette situation et de récompenser les pays tropicaux, pour la plupart pauvres, qui protègent leurs forêts, au moyen d'un mécanisme généralement connu sous l'acronyme "REDD", ou réduction des émissions (de carbone) dues à la déforestation et à la dégradation des forêts. Le REDD est mentionné dans l'accord de Paris mais, pendant quelques années au moins, il est probable qu'il aura peu d'impact direct dans les pays où les forêts sont détruites.

Plutôt que de fixer des contrôles obligatoires sur les émissions de carbone, le document signé à Paris permet essentiellement aux pays de fixer leurs propres objectifs volontaires. Le succès ou l'échec de la réalisation de ces objectifs sera examiné tous les cinq ans environ. L'une des innovations de l'accord réside dans le fait que les pays industrialisés les plus riches (et les plus polluants) pourraient à l'avenir inclure dans leurs objectifs nationaux de "réduction" les succès obtenus à l'étranger, par exemple en finançant des programmes de lutte contre la déforestation en Amérique du Sud, en Afrique ou en Asie. Le financement des efforts visant à mettre un terme à la déforestation est donc susceptible d'augmenter, car des gouvernements tels que celui de la Norvège estiment qu'il est moins coûteux, plus facile et politiquement plus acceptable d'empêcher l'abattage des forêts en Indonésie que, par exemple, d'économiser l'énergie au niveau national ou de réduire leur production de combustibles fossiles.

Cela pourrait être positif, surtout si cela signifie que plus d'argent est canalisé vers le moyen le plus efficace de protéger les forêts tropicales, qui est de garantir les droits des communautés autochtones et des autres communautés forestières locales. Cependant, l'expérience de la mise en œuvre des programmes REDD a montré jusqu'à présent qu'ils sont loin d'être faciles et bon marché. Dans la pratique, il est presque impossible de savoir si un projet REDD a réussi à réduire les émissions de carbone, ou dans quelle mesure. À ce jour, de nombreux programmes REDD ont été des échecs spectaculaires.

Le RFUK sait très bien, grâce à ses 25 années d'expérience, qu'il est difficile et long de garantir les droits des populations sur de vastes étendues de terres éloignées où les agences gouvernementales sont peu fiables (ou inexistantes). Il existe un risque que, dans la hâte de maintenir les émissions de gaz à effet de serre à des niveaux inférieurs aux niveaux dangereux, mais avec une réticence à apporter des changements profonds à nos propres modes de vie et économies, les gouvernements cherchent à imposer une conservation de type "armes et gardes" dans de vastes zones de forêt tropicale, en forçant effectivement les populations locales à quitter les lieux plutôt que de travailler avec elles. Cela pourrait avoir des conséquences humanitaires désastreuses et serait presque certainement contre-productif à long terme.

Il est également à craindre qu'en permettant aux pays les plus riches de "compenser" leur pollution par des réductions d'émissions dans d'autres pays, le résultat net sera que les émissions de combustibles fossiles, si importantes, ne diminueront tout simplement pas assez vite pour empêcher un changement climatique incontrôlable. À long terme, cette situation risque également d'être désastreuse pour les forêts tropicales. Selon les modèles climatiques, le bassin de l'Amazone connaîtra l'une des plus fortes augmentations de température. Des changements dans les schémas météorologiques locaux sont déjà observés, le climat devenant plus chaud et plus sec. Il n'est pas certain que les forêts tropicales puissent résister à de tels changements, qui pourraient survenir en l'espace de quelques décennies seulement. Les incendies de forêt risquent de devenir plus fréquents.

Nous devons donc intensifier nos efforts pour placer davantage de forêts sous le contrôle des populations locales. C'est une course contre la montre. Il faut espérer que les pays riches trouveront simultanément des moyens de réduire leurs émissions de combustibles fossiles beaucoup plus rapidement que prévu, afin d'éliminer la plus grande menace à long terme qui pèse sur les forêts de la planète.

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