Le gouvernement de la RDC rétablit des concessions d'exploitation forestière illégale, en violation de son propre moratoire
20 février 2018
La ministre congolaise de l'Environnement, Amy Ambatobe, a rétabli 6 500 km² de concessions forestières qui avaient été annulées en août 2016 par le ministre de l'Environnement de l'époque, Robert Bopolo, sur instruction du Premier ministre de l'époque, Augustin Matata Ponyo. Ces révélations sont mises en lumière dans une déclaration commune de Rainforest Foundation UK, Rainforest Foundation Norway, Global Witness et Greenpeace Africa.
Les trois concessions rétablies le 1er février 2018 ont été attribuées aux sociétés forestières à capitaux chinois Forestière pour le Développement du Congo (FODECO) et Société La Millénaire Forestière (SOMIFOR). Deux des concessions chevauchent un gisement de tourbières récemment découvert, qui couvre 145 000 km² et contiendrait 30 milliards de tonnes de carbone. L'expansion de l'exploitation forestière industrielle dans ces zones est considérée comme l'une des plus grandes menaces qui pèsent sur elles.
En octobre 2017, l'Initiative pour les forêts d'Afrique centrale (CAFI), principalement financée par la Norvège, a donné son feu vert au transfert de 41,2 millions USD au fonds national de la RDC pour la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+). Ce transfert ne devait se faire qu'après la mise en place par le gouvernement congolais d'un "plan d'action solide" assorti de mesures de contrôle interne. Cependant, le fait que la CAFI n'ait pas insisté sur des mesures visant à prévenir de futures violations du moratoire a eu pour conséquence que des fonds importants ont été déboursés en l'absence de toute diligence raisonnable.
Lors d'une séance photo à bord du navire Esperanza de Greenpeace le 31 octobre 2017, le ministre de l'Environnement de la RDC s'est solennellement engagé à protéger les tourbières du pays en déclarant : "J'adresse ici un message à l'ensemble de la communauté internationale pour qu'elle mobilise des fonds et aide le gouvernement de la RDC à protéger ces zones sensibles et à améliorer les moyens de subsistance des communautés vivant autour de ces tourbières".
En juin, le RFUK recherche publiée montrant l'impact potentiel sur l'environnement de la levée du moratoire sur l'exploitation forestière en RDC, une mesure qui pourrait libérer des milliards de tonnes de dioxyde de carbone.
Simon Counsell, directeur exécutif de Rainforest Foundation UK (RFUK), a déclaré : "L'octroi de nouvelles concessions forestières envoie un signal clair à la communauté internationale : le gouvernement de la RDC abandonne toute prétention à réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts. Toute nouvelle exploitation forestière à grande échelle, en particulier dans les tourbières, risque de provoquer des émissions massives de gaz à effet de serre. Les bailleurs de fonds tels que la Norvège et la Banque mondiale devront se demander si les programmes REDD en RDC sont crédibles et soutenables".
Lire l'intégralité de la déclaration commune ici.
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