Le tout premier chef Baka officiellement reconnu dans le sud du Cameroun - sa majesté Martin Abila du village Assok
19 avril 2021
Pour la première fois dans le sud du Cameroun, un village autochtone Baka a été officiellement reconnu et son chef officiellement installé par l'État camerounais. Il s'agit d'une étape importante dans un pays où les peuples indigènes sont confrontés à une marginalisation sociale, politique et économique extrême.
L'installation de sa Majesté Martin Abila comme chef officiel du village d'Assok est le résultat de plusieurs années de travail et de plaidoyer par les membres de la communauté et la société civile camerounaise, en particulier par l'organisation Appui à l'autopromotion et l'insertion des femmes, des jeunes et des désœuvrés (APIFED). Depuis plus de quinze ans, APIFED se bat pour que les peuples indigènes du sud du Cameroun reçoivent les mêmes droits que leurs voisins bantous.
RFUK a commencé à travailler avec APIFED en 2014 dans le cadre d'un programme de cartographie participative visant à documenter les zones gérées par les Baka et à fournir aux communautés des preuves pour défendre leurs droits sur les terres et les ressources dont elles dépendent. Six ans plus tard, le premier chef Baka du sud du Cameroun a finalement été reconnu et installé sur un territoire défini.
Alors, qu'est-ce que cela signifie pour la population d'Assok et les Baka en général ?
Premièrement, la reconnaissance de Sa Majesté Martin Abila donne au village une identité légale et signifie qu'il peut voter aux élections et faire remonter les préoccupations des communautés Baka aux niveaux régional et national par des voies officielles.
Ensuite, la communauté étant désormais officiellement sur la carte cartographiée, ses membres ont plus de chances d'avoir accès aux services gouvernementaux tels que l'éducation, la santé et les cartes d'identité, ainsi qu'aux redevances provenant des activités forestières.
Enfin, cet accomplissement sans précédent ouvre la porte à la reconnaissance officielle d'autres villages Baka. Dans une région où les Baka sont extrêmement marginalisés, leurs dirigeants sont souvent traités comme des subalternes par rapport à leurs homologues bantous. La reconnaissance de M. Martin Abila envoie un message fort : les chefs baka peuvent et doivent être sur un pied d'égalité avec leurs congénères.
Le rêve de la communauté est d'utiliser leur territoire de 60 000 hectares pour créer une forêt communautaire, une zone d'intérêt pour la chasse gérée par la communauté et un centre culturel où les gens peuvent rendre visite aux Baka et découvrir leur mode de vie.
Bien que l'installation de Sa Majesté Martin Abila soit une première étape essentielle pour les habitants d'Assok, qui pourront ainsi emprunter des voies légales jusqu'alors inaccessibles pour sécuriser leurs terres traditionnelles, celles-ci ne sont toujours pas protégées. Ils ont besoin de plus de soutien pour revendiquer leurs droits sur cette zone et pour concrétiser leur vision d'une gestion durable des ressources forestières dont leur vie dépend.
À plus grande échelle, Assok est l'une des centaines de villages Baka du sud du Cameroun. APIFED a pour objectif d'accompagner les chefs indigènes et leurs villages dans toute la région pour qu'ils soient officiellement reconnus dans le cadre de leur initiative “Sur le chemin des chefferies Baka au Cameroun”.
Pour plus d'informations sur la manière dont vous pouvez soutenir APIFED ou pour en savoir plus sur cette initiative, veuillez contacter Norah Berk à l'adresse norahb@rainforestuk.org.
" La reconnaissance officielle du chef Baka ABILA Martin sonne le glas du "sentier des chefferies autochtones au sud Cameroun. Ensemble, oeuvrons pour la reconnaissance officielle de plus de chefs et cheffeties Baka, gage de la matérialisation des espaces et ressources propres à ces peuples et aussi de leur meilleure participation à la citoyenneté."
- Marie Ba'ane, coordinatrice de l'APIFED
"Je suis le tout premier chef Baka de 3ème degré reconnu au sud Cameroun, c'est déjà très bien, mais seul, je reste très faible. Je sollicite la création de plusieurs autres chefferies autochtones pour que notre voix portent plus.”
-HM Martin Abila
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