Des nouveaux droits en RDC donnent de l’espoir pour l’avenir de la foresterie communautaire
31 mai 2018
Claire Parfondry est la coordinatrice du projet de la Rainforest Foundation UK « Forêts communautaires en République démocratique du Congo (RDC) ». Accompagnée par notre partenaire Congolais GASHE, elle s’est récemment rendue dans six communautés locales participant au projet dans l’Ouest de la RDC.
Cela fait près d’un an que nous avons lancé notre projet « Forêts communautaires en RDC » et les communautés locales avec lesquelles nous collaborons sont déjà sur la bonne voie pour la sécurisation de leurs forêts.
Nous décrivons souvent ces communautés comme étant « isolées », mais il est difficile de se rendre réellement compte de leur éloignement avant de se rendre sur place. Nous sommes partis de la ville de Mbandaka, située dans la Province de l’Equateur à l’ouest du pays, pour nous rendre à Mibenga, premier village sur notre liste. Pour y parvenir, nous faisons cinq heures de bateau suivies de 3 heures en moto. Il a plu, mais, heureusement pour nous, la route reste praticable. A notre arrivée, les habitants de Mibenga nous réservent un accueil chaleureux.
Dembele Alexi est le chef local du village. Il nous explique pourquoi son village a décidé de participer au projet :
« Pendant longtemps, nous avons vu des entrepreneurs forestiers rôder dans les parages. Ce n’était pas bon signe. Nous savions juste que l’Etat avait vendu la forêt et que les entrepreneurs n’arrêtaient pas de venir… Puis, vous êtes venus nous aider pour obtenir notre foresterie communautaire. Nous espérons pouvoir aller jusqu’au bout du processus pour que la forêt nous appartienne et pouvoir ainsi la gérer à notre manière. »
L’équipe du projet est venue en aide à Mibenga et à plusieurs autres communautés afin qu’elles puissent déposer une demande officiellement reconnue de « concession forestière de communauté locale ». Les villages ont travaillé dur et se sont énormément investis afin de protéger leurs forêts face aux menaces extérieures.
« Si une société forestière se rend dans notre communauté, nous pourrons lui montrer notre document de concession et nous lui demanderons de quitter les lieux »
explique Sabine, qui vient du village llebo dans le secteur de Mpama.
La période actuelle est cruciale pour le projet. En effet, avec l’aide de nos partenaires locaux GASHE (Groupe d’Action pour Sauver l’Homme et son Environnement), les communautés partenaires viennent tout juste de soumettre leurs demandes de concession forestière de communauté locale au gouvernement. Leur impatience et leur effervescence sont manifestes.
Robert Corneille Nkamba Itinga Bongo, chef traditionnel basé au village d’Irebu, a de nombreuses idées à proposer sur la manière de gérer sa forêt :
« Il y a énormément d’hippopotames sur nos terres. J’espère que la foresterie communautaire nous aidera à mieux assurer leur protection. Nous pourrions aussi commencer à développer le tourisme écologique ou inviter des scientifiques à venir les étudier. »
En attendant de recevoir leur document, certaines communautés ont déjà commencé à s’organiser pour l’avenir. Par exemple, il y a quelques mois, la route reliant le village d’Ilinga à la ville la plus proche (et donc, au marché le plus proche) était dans un si mauvais état que l’on pouvait à peine la nommer « route ». Quelques semaines avant notre visite, la communauté s’est rassemblée afin d’élaborer un plan pour rénover la route.« Nous voulons encourager les gens à venir nous voir, maintenant que nous sommes engagés dans ce projet. Nous voulions pouvoir être en mesure de les accueillir, nous nous sommes donc organisés pour réparer notre route »explique l’un des chefs locaux.
L’optimisme des membres de cette communauté a été remarqué par l’agence gouvernementale en charge de la foresterie communautaire en RDC. Une délégation de représentants du gouvernement a rejoint notre équipe pour se faire une meilleure idée de l’approche du projet. Au terme de sa visite, la délégation a émis une évaluation encourageante sur ce qu’elle avait vu:
« Cette mission a permis aux administrateurs de mieux comprendre ce qui avait été mis en œuvre sur le terrain…Ces sites pilotes pourraient servir de modèle…En effet, cette approche innovante devrait être appliquée dans d’autres sites. »
Ayant soumis leur demande de concession forestière de communauté locale au gouvernement, les communautés attendent désormais avec impatience leurs documents officiels attestant de leurs droits sur leurs terres. En attendant, il y a encore beaucoup de choses à accomplir tandis que les communautés commencent d’ores et déjà à organiser un avenir qu’elles espèrent plus stable et durable.
Pour plus d’informations sur notre projet, Forêts Communautaires en RDC cliquez ici..
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