Première historique en République centrafricaine : des communautés se voient reconnaître des droits sur leurs forêts

2 mai 2019

La première « forêt communautaire » a été officiellement attribuée en République centrafricaine (RCA) dans le bassin du Congo, accordant aux populations locales le droit de gérer et de protéger leur forêt.

En République centrafricaine, où 80% de la forêt tropicale a été cédée à des sociétés forestières, trois communautés du sud-ouest du pays ont vu, la semaine dernière, leur dossier de demande d’attribution d’une forêt communautaire approuvé par le ministère en charge des forêts.

Soutenus par des organisations centrafricaines et la Rainforest Foundation UK (RFUK), les villages de Moloukou, Moalé et Lokombé avaient conjointement demandé à gérer près de 15 000 hectares de la forêt de Lomba. Le projet a été financé par le Département britannique pour le Développement International (DfID).

La zone fait partie d'une concession détenue par une société forestière industrielle, où, jusqu'à récemment, il était juridiquement impossible d'attribuer une forêt communautaire. Après plus d’une année de plaidoyer de la part de RFUK et de ses partenaires locaux, une autorisation sans précédent avait été signée en janvier 2018, permettant la signature de arrêté du 25 avril 2019, par lequel ces communautés ont obtenu des droits sur des forêts qui étaient sous le contrôle d’exploitants forestiers.

Bienvenu Kemanda, membre de la société civile centrafricaine et consultant pour RFUK, a déclaré:

«Je tiens à féliciter le gouvernement centrafricain pour cette décision inédite, ainsi que les communautés qui ont surmonté sans relâche tous les défis (juridiques) auxquels elles ont été confrontées au cours du processus d’attribution. Ces communautés pionnières vont maintenant pouvoir gérer leurs ressources et faire de cette expérience un succès durable, pour servir d'exemple à de nombreuses autres communautés qui n'ont pas pu faire valoir leurs droits en raison de la saturation foncière. »

Simon Counsell, Directeur Exécutif de RFUK, a déclaré:

«Cette décision est une première très importante pour le bassin du Congo. Cette reconnaissance des droits des communautés sur leurs ressources change la donne pour elles et pour la protection des forêts tropicales. Mais c’est aussi une opportunité majeure pour tester un modèle de co-gestion des ressources au sein des zones déjà attribuées à des concessionnaires forestiers, afin de fournir une base de réflexion pour une réforme du cadre légal. Nous espérons que cela ouvrira la voie à d'autres pays de la région pour qu'ils adoptent des approches communautaires novatrices similaires en matière de conservation des forêts. »

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