Une série de films explore pourquoi la protection de la nature doit se faire avec les populations
mai 2, 2017
par Maud Salber, conseillère politique de la RFUK
Aujourd’hui la Rainforest Foundation UK (RFUK) lance le premier d’une série de films courts expliquant pourquoi, si on veut protéger les forêts tropicales du monde, les populations locales doivent être placées au cœur des efforts de protection de la nature.
Dans une course mondiale contre le changement climatique, de nombreux pays se sont engagés à préserver leurs forêts en créant de nouveaux parcs nationaux et zones de conservation. L’idée, soutenue par la communauté internationale et les bailleurs, est de préserver ces forêts de toute activité humaine.
Si protéger les forêts est d’une importance majeure, la création d’aires protégées « strictes » par le passé a entrainé le déplacement et l’appauvrissement de communautés locales et autochtones. Cette approche n’est pas seulement profondément injuste envers ceux qui ont habité et façonné ces écosystèmes depuis des millénaires, mais également d’une efficacité douteuse en matière de protection de la biodiversité et d’atténuation du changement climatique.
Les preuves abondent à travers le monde – notamment de la part de la Rapporteur Spéciale des Nations Unies sur les droits peuples autochtones – montrant que les forêts gérées par les communautés locales et autochtones se portent mieux que celles ayant été délimitées en aires protégées strictes, basées sur l’exclusion des peuples et la répression autoritaire de leurs activités.
Un chef de village vivant dans une aire protégée en République Démocratique du Congo nous a expliqué: « Nous avons le devoir de protéger nos forêts pour le futur de nos enfants. Nos forêts nous aident à éduquer nos enfants, à les maintenir en bonne santé, et à nourrir nos familles… Notre forêt, c’est notre futur, c’est notre vie. »
En 2016, RFUK avait examiné les dysfonctionnements des efforts de conservation dans un rapport, Aires protégées dans le bassin du Congo : un échec pour les peuples et la biodiversité, où nous avions passé au crible les impacts de 34 aires protégées de la région sur les droits et moyens de subsistance des communautés locales.
En vue d’encourager des pratiques de conservation plus respectueuses des populations, nous lançons maintenant une série de blogs et de films intitulée ‘Rainforest Parks and People’. En commençant par un aperçu des raisons pour lesquelles les populations sont d’une importance centrale pour la conservation – et ce qui arrive lorsqu’on les néglige – les films et blogs incluront des témoignages des communautés locales et couvriront un éventail de questions, allant de la différence entre chasse de subsistance et braconnage de grande échelle, à l’importance de sécuriser les droits fonciers, en passant par les violations de droits humains aux mains des gardes forestiers ou encore la relation ambiguë qu’entretiennent les organismes de conservation avec le secteur forestier industriel.
Nous espérons que ces films donneront un visage humain aux enjeux de protection de la nature et mettront en lumière les impacts dévastateurs que des programmes de conservation mal conçus peuvent avoir sur les hommes. Il s’agit aussi d’engager une discussion sur comment éviter de répéter les erreurs du passé – pour le bien à la fois des peuples et de la planète.
La base de données ‘Rainforest Parks and People’
Dans l’optique de renforcer la transparence et l’examen public des efforts de conservation dans la région, nous avons aussi lancé un nouveau site interactif sur les impacts des aires protégées sur les peuples. En se basant sur des informations disponibles au public ainsi que des enquêtes de terrain de RFUK, ‘Rainforest Parks and People’ présente des informations sur 34 aires protégées, mettant en évidence leurs impacts sur les hommes qui y vivent et en dépendent. Pour en savoir plus, lisez notre article.
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