VIOLATIONS MASSIVES DES DROITS DE L'HOMME À L'ENCONTRE DE LA COMMUNAUTÉ AUTOCHTONE DANS LA PROVINCE DE L'EQUATEUR, RDC
22 mai 2024
Mbandaka, RDC
Rainforest Foundation UK et l'APEM condamnent fermement les violations graves et systématiques des droits de l'homme qui auraient été commises par des agents de la police à l'encontre de membres de la communauté autochtone pygmée dans la concession forestière communautaire (CFCL) de Lokolama, dans le territoire de Bikoro, dans la province de l'Équateur.
Lors d'une mission de documentation menée par RFUK et APEM, notre personnel a pu constater de visu les séquelles d'une expédition punitive menée par des agents des forces de sécurité de la RDC dans la nuit du 4 au 5 mai 2024, qui a conduit à l'arrestation et à la détention arbitraire de plus de 30 membres du village de Lokolama, dont des personnes âgées et des mineurs, dont plusieurs ont été torturés et maltraités avant qu'on leur extorque de l'argent en échange de leur libération. Leurs maisons ont été pillées et tous leurs biens ont été emportés.
L'attaque aurait eu lieu après qu'une jeune femme ait été tragiquement retrouvée morte dans la forêt près du village, bien qu'aucune enquête n'ait été menée pour identifier l'auteur de l'attaque. La brutalité de l'attaque a également poussé des dizaines de personnes à se réfugier dans la forêt, craignant pour leur vie, car elles n'ont pas encore été en mesure de payer la totalité de la rançon nécessaire à la libération des membres de leur famille.
Cette situation met en lumière la triste réalité de la discrimination, de la stigmatisation et d'autres formes d'abus à l'encontre des peuples autochtones du Bassin du Congo, qui sont généralement confrontés à une marginalisation politique, économique, sociale et culturelle extrême. Le RFUK et l'APEM dénoncent cette forme de punition collective effectuée sans respect de l'équité procédurale et des droits humains fondamentaux, et en violation de la loi numéro 22/030 du 15 juillet 2022 sur la protection et la promotion des droits des peuples autochtones pygmées promulguée par le Président de la RDC.
Nous demandons donc instamment aux autorités nationales et aux forces de sécurité de la RDC de respecter leurs obligations légales et d'exiger que les auteurs de ces crimes soient tenus pour responsables et que les victimes obtiennent les réparations qui leur reviennent de droit pour les préjudices qu'elles ont subis.
Depuis des siècles, les peuples autochtones jouent un rôle essentiel en tant que gardiens des forêts et il est maintenant temps d'assurer une mise en œuvre efficace de la loi 220/030 afin d'ouvrir véritablement la voie aux populations autochtones du Congo pour qu'elles puissent jouir de leurs droits fondamentaux, poursuivre leur développement autodéterminé et protéger les forêts tropicales de la RDC.
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